vendredi 1 janvier 2016

René BOYLESVE présenté par ses "Amis", en 2016

Se dire "Amis" d'un écrivain, après sa mort, est une coutume fort répandue pour fidéliser des lecteurs et approfondir son oeuvre... Ainsi est née, en 1951, une association des Amis de René BOYLESVE, que ce blog essaiera de présenter, avec son histoire, ses activités diverses, ses publications. 
Mais il convient d'abord, pour les visiteurs de passage, de présenter succinctement l'écrivain :

René Tardiveau, dit René BOYLESVE,
1867-1926
(l'homme et l'oeuvre)

Armand Rassenfosse, Portrait de R. Boylesve,
eau-forte pour Le Pied fourchu (1927)


Nous avons choisi ce portait posthume, parce qu'il est emblématique d'une esthétique recherchée... Dans Souvenirs de la rue des Vignes (Le Divan*, 1931), Jean-Louis Vaudoyer décrit longuement les différentes "coupes" de cette barbe, que Boylesve a d'abord portée longue. toujours selon J.-L. Vaudoyer :

" Cette barbe assyrienne, ou, si l'on veut, anacréontique, était merveilleusement et strictement entretenue. Les manières, la toilette de Boylesve, son élégance aux raffinements châtiés laissaient soupçonner une vocation réprimée de dandysme... Et quelle netteté d'hermine !
Boylesve portait volontiers des vêtements coupés dans des étoffes unies, épaisses et mates ; draps et cheviottes aux teintes assoupies : celle du tabac, de la terre, de l'écorce. Quand il apparaissait dans de tels vêtements de sombre nuance alezane, nous lui disions parfois : "Cher ami, vous voilà dans votre costume de biche !..." Nous ne plaisantions qu'à demi. Souvent, quand il entrait dans un salon, certes sans aucune fausse timidité, mais avec une sorte de vague et confuse appréhension, Boylesve faisait penser, par ses beaux et grands yeux un peu farouches (pareils à des agates), par son allure fine et fragile, à quelque bête forestière non entièrement résignée à son apprivoisement. [...] Dire de quelqu'un qu'il a "de la race" risque de vulgariser ce quelqu'un.[...]  Pourtant, il faut bien en venir là : Boylesve avait "de la race".

*8 volumes de "Souvenirs de René Boylesve" ont été publiés par Le Divan, entre 1931 et 1936


Ensemble relié, provenant de la collection personnelle
de l'abbé Georges Marchais,
grand spécialiste de l'oeuvre de l'écrivain

Cette collection réunit des textes de René Boylesve et des témoignages d'amis qui l'ont bien connu. Des études plus globales se sont naturellement succédé. Nous signalons deux livres anciens, mais restés pertinents :

*Jean Voilquin, L'Oeuvre de René Boylesve, Librairie Oeters, 1938.

*Jean Ménard,  L'Oeuvre de  Boylesve,  Librairie Nizet, 1956

Et puis, ce que nous attendions avec impatience, deux biographies récentes :

*Marc Piguet, L'Homme à la balustrade, René Boylesve, écrivain français, Cholet, éd. Pays et Terroirs, 2007.

*François Trémouilloux, René Boylesve, Un romancier du sensible (1867-1926), Presses Universitaires François-Rabelais, 2010.








De François Trémouilloux




De Marc Piguet




Nous ne proposerons donc ici que des repères bio-bibliographiques.... ("à sauts et à gambades", comme dirait Montaigne !)


Enfance et adolescence

1867 (14 avril) : naissance de René Marie Auguste Tardiveau, à La Haye-Descartes (patrie du philosophe). Son père est notaire. Une petite sœur (Marie Clémence) naît en 1869.
Le drame se produit le 14 avril 1871 : sa mère meurt après avoir mis au monde un 3e enfant (un garçon) qui ne lui survivra pas.


Marie Boilesve, la mère



René, à cinq ans, et sa sœur Marie
 


















Le petit René et sa sœur seront d'abord confiés à leur grand-tante (dans la propriété rurale de la Barbotinière), mais celle-ci va mourir en 1876.
En 1974, le père s'est remarié. Des jumeaux, (un garçon et une fille) naîtront en 1878, puis un autre garçon en 1881.
Fin 1876, Me Tardiveau achète à La Haye-Descartes une belle maison, hélas convoitée par un autre notable...
La légende de cette carte postale désigne la maison
d'après le nom du roman qui lui est consacré
(L'Enfant à la balustrade)
Ce dernier ne lui pardonnera pas cette opération, et fera en sorte qu'il perde une partie de sa clientèle. Me Tardiveau devra quitter son étude pour s'installer à Tours, et s'inscrire au barreau. Mais ne supportant pas ces échecs, il se suicidera en 1883.
Le petit René et sa sœur sont revenus vivre à La Haye en 1876, mais le garçon est envoyé en pension à Poitiers, dans une école catholique, en 1877, tandis que sa sœur est élevée au couvent de Marmoutier à partir de 1878...
René reste pensionnaire à Poitiers jusqu'en 1882 :  la rentrée scolaire de cette année-là se fait en seconde au lycée Descartes de Tours. L'adolescent vit chez ses grands parents, rue de la Bourde. Il obtient son baccalauréat en 1885, ce qui lui ouvre l'accès aux études supérieures, lesquelles se feront... à Paris.

De provincial qu'il était, René devient parisien, et le restera toute sa vie. La Touraine n'est ni reniée, ni oubliée, mais malgré des projets souvent évoqués, la question du retour au "pays natal" n'aura pas de suite.


L'étudiant dilettante

René à Paris découvre la liberté. Il faut bien s'inscrire à la Sorbonne pour rassurer la famille, mais l'étudiant n'est pas assidu ;  il obtient malgré tout une licence en droit en 1889. Il s'intéresse davantage à la littérature et publie, sous des pseudonymes divers, dans des revues (L'Ermitage, le Gil Blas, La Plume...). Il est discret mais séduisant, il a donc beaucoup de succès féminins.

1891 : deux événements importants. 1°) Le mariage de sa sœur avec Emile Mors (célèbre constructeur d'automobiles). Le frère d'Emile, Louis, a une fillette de 11 ans, Alice, que René apprendra à connaître et à apprécier, pendant une dizaine d'années, en fréquentant la famille Mors. Il l'épousera en 1901. 2°) La rencontre avec Hugues Rebell, début d'une grande amitié littéraire. C'est lui qui l'encourage à écrire un premier roman, "Les Bonnets de dentelles" (1899), resté inédit - du vivant de l'auteur - mais entièrement réécrit pour devenir La Becquée (1901).

1893 : choix du pseudonyme "René Boylesve" (reprise du nom de sa mère agrémenté d'un Y).
Il s'inscrit à l'Ecole du Louvre dont il suivra les cours assidûment et dont il passera les examens avec succès (en 1894 et 1895).

L'écrivain

Edition originale

Edition originale
1895 : Voyage en Italie. Publication dans La Cocarde de son premier roman (édité chez Ollendorff en 1896) : Le Médecin des dames de Néans (dédié à Hugues Rebell). Il est déjà très apprécié par Charles Maurras et Maurice Barrès.
L'influence de Rebell se fait sentir encore dans Les Bains de Bade (1896), puis dans les nouvelles publiées en revues, et reprises en 1913 dans Nymphes dansant avec des Satyres, et en 1927 (éd. posthume) dans Le Pied fourchu.








Edition illustrée,
version courte.


Edition illustrée
1897: Sainte-Marie-des-Fleurs, roman inspiré d'un amour platonique en grande partie autobiographique. Le texte sera revu et la fin modifiée dans une édition ultérieure.




1898 : Le Parfum des Îles Borromées (version longue). Nouvelle édition remaniée en 1908 (la plus connue).



Edition illustrée


1899 : Mademoiselle Cloque (roman évoquant la polémique qui entoura la reconstruction de la basilique Saint-martin, à Tours, au XIXe s).
Edition illustrée





1900 : fin de la nouvelle version des Bonnets de dentelle, intitulée La Becquée, publiée en volume en 1901. Ce roman est inspiré des souvenirs d'enfance de l'auteur, chez sa grand-tante à La Barbotinière.




Réné Boylesve et son épouse, Alice Mors
(détail)

1901: René Boylesve épouse Alice Mors, de 14 ans sa cadette.

Les beaux-parents, riches industriels de l'automobile, feront construire pour le couple un hôtel particulier à Passy, qui ne sera habitable qu'en 1906. Les salons pourront s'ouvrir, en 1907, pour les réceptions hebdomadaires...



Edition originale



1902 : La Leçon d'amour dans un parc ("une aventure délicate", "un conte libre", annonce l'auteur, qui se situe au XVIIIe s.).









1903 : L'Enfant à la balustrade (roman inspiré des souvenirs de l'écrivain enfant à La Haye, lors de l'achat par son père d'une belle maison bourgeoise... sans balustrade, mais avec un cadran solaire, qui a un rôle dans l'histoire).


Edition illustrée



1905 : Le Bel Avenir (roman inspiré des souvenirs de René étudiant à Paris).



1908 : Mon Amour (roman écrit sous forme de journal intime : le narrateur, amoureux d'une femme mariée que son mari vient d'abandonner, connaît quelques mois de bonheur avec elle, mais celle-ci retourne finalement vers son mari, quand ce dernier revient la supplier de lui pardonner). A noter que l'héroïne, Mme de Pons, reparaît dans Souvenirs du jardin détruit (1924).

1909 : Le Meilleur Ami suivi de Petits bateaux pour Seringapatam (1er texte: une jeune fille amoureuse d'un bel indifférent, se confie à son "meilleur ami" qui, lui, n'ose pas lui avouer ses propres sentiments... Fin très triste...)
Edition originale

1909 : La Jeune Fille bien élevée (roman inspiré de l'éducation de sa sœur, Marie, au couvent de Marmoutier, à Tours).
Edition illustrée


Edition originale
1909 : La Poudre aux yeux, recueil de nouvelles (la nouvelle éponyme est une version revue et remaniée de Petits bateaux.pour Seringapatam).


Edition originale

1912 : Madeleine jeune femme ( suite du destin de l'héroïne de La Jeune Fille bien élevée)
1913 : La Marchande de petits pains pour les canards (nouvelles).

1913
: Nymphes dansant avec des Satyres (nouvelles)

Edition originale
1914 : La guerre va déclencher des événements importants dans le couple Boylesve. Alice devient une infirmière très occupée et dévouée, et René, sans emploi important, se sent inutile et délaissé. Il rencontre, à la fin de l'année, à Deauville, une jeune fille de 22 ans, séduisante et enjouée, Betty Halpérine. C'est le début d'un amour passionné, et d'une liaison qui durera jusqu'à la mort de Boylesve, en 1926. La correspondance de René à Betty a été conservée, et se trouve dans le fonds Boylesve de la BM de Tours.


1917 : Le Bonheur à cinq sous (nouvelles)

1917 : Tu n'es plus rien (roman inspiré par la situation dramatique des blessés de guerre, et le dévouement demandé aux jeunes filles et aux veuves : qu'elles les épousent pour repeupler la France).Oeuvre dédiée à son demi-frère Pierre, mort à Verdun en 1916.
Edition originale
René Boylesve en tenue d'Académicien
1918 : élection à l'Académie française
(1919 : réception).


Textes des discours de réception
(la réponse est de Henri de Régnier)
[jeudi 20 mars 19149]





















1920 : Alcindor ou  Suite à La Leçon d'amour dans un parc



1921 : Le Carrosse aux deux lézards verts (conte de fée à méditer...)

Edition originale

1921 : Le Dangereux Jeune Homme (nouvelles)

1921 : Elise (un nouveau destin de femme : contrairement au personnage de Madeleine jeune femme, elle croit pouvoir se libérer des contraintes sociales, mais c'est une illusion tragique).


1922 : Ah! Plaisez-moi... (petit roman construit sur un enchâssement de récits, dans lequel le narrateur ajoute des souvenirs personnels).
Edition originale

1924 : Les Nouvelles Leçons d'amour dans un parc
Edition originale


1924 : Le Mariage de Pomme d'Api et Les Deux Romanciers


1924 : Souvenirs du jardin détruit (roman construit à partir d'une méditation mélancolique sur la destruction des arbres du parc de Passy auquel l'auteur a réellement assisté, impuissant, depuis sa fenêtre ; le narrateur retrouve Mme de Blou (héroïne de Mon Amour), et reçoit les confidences douloureuses d'un homme déchiré entre deux amours...)


Edition illustrée


Bois gravé de Maximilien Vox
 


1925 : Je vous ai désirée, un soir... (reprise de Ah! Plaisez-moi..., augmentée d'une longue lettre où l'héroïne, dangereusement passionnée, éclaire le sens de ses sentiments et de sa conduite).

Edition illustrée
Bois gravé de Paul Baudier
1926 (14 janvier) : René Boylesve meurt d'un cancer, à la suite d'une opération qui n'a pu le sauver.



Editions posthumes

1926
 Azurine ou Le Nouveau Voyage (1ère publication en 1895)
 Le Confort moderne (1ère publication en 1903)
Le Dernier Mot sur l'amour (reprise de La Fin - enfin!- des Leçons d'amour dans un parc)
Les Deux Romanciers (nouvelles)
La Touraine

1927
Feuilles tombées (écrits intimes, introduction Ch. Du Bos)
Le Pied fourchu (nouvelles)

 1929
Les Français en voyage (2 nouvelles)
Opinions sur le roman (textes réunis par Gérard-Gailly)
Réflexions sur Stendhal

1932
Voyages aux Îles Borromées et 1ère version du Parfum des ïÎes Borromées

1947
 Feuilles tombées (Préface de Gérard - Gailly) édition augmentée

1962
Profils littéraires (Romanciers et Poètes)

1967
Les Bonnets de dentelle (1ère version de La Becquée)
"Les Poèmes à Betty" (in André Bourgeois, René Boylesve, le poète)




Pour plus d'informations sur Boylesve et ses œuvres
nous invitons à consulter le site d'André Bourgeois
devenu en 2015 Président de notre association :

http://andrebourgeois.fr/page%20principale.htm

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Contact avec l'auteur de ce blog et avec les responsables de l'association :






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Nous recommandons aussi cet excellent ALBUM BOYLESVE édité par la Bibliothèque municipale de Tours, en 1991 : il contient des illustrations et des citations des œuvres.

C'est un ouvrage de référence.


Carton d'invitation de l'exposition à la BM de Tours
 en 1991



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