vendredi 27 août 2021

A Descartes, le musée René Boylesve ouvert pendant les Journées européennes du Patrimoine, 18-19 sept. 2021

Eléments du bureau de René Boylesve, en son musée, à Descartes


 Pour ceux qui n'auraient pas repéré le "thème" inscrit dans cette mystérieuse affiche, nous fournissons la traduction :

"PATRIMOINE POUR TOUS"

*******

Musée René Boylesve

19, rue René Descartes

37160 DESCARTES

Horaires d'ouverture pour le samedi 18 et le dimanche 19 sept.

10 h - 12 h

14 h - 18 h

association.boylesve@gmail.com

Musée René Boylesve, côté jardin


Aperçu de la 1ère salle



2e salle, avec panneaux d'exposition au mur


A suivre...




jeudi 15 juillet 2021

Le Musée René Descartes propose un atelier calligraphie (28/7 et 11/8 2021)

 Nous avons le plaisir de transmettre cette information de la part de S. Pouliquen, responsable du Musée René Descartes : 

" [...] prochaine animation d'été (GRATUITE) : la calligraphie, les 28 juillet et 11 août avec Etsuko Sawada (affiche en pièce jointe).

Initiation aux écritures gothique et italique."




mardi 25 mai 2021

Merci à Marcelle Cottencin de poser "avec Boylesve" pour une photo de "La Nouvelle République" (22 mai 2021)

Dominique Ragot nous communique cet article publié dans La Nouvelle République du samedi 22 mai :

https://www.lanouvellerepublique.fr/tours/marcelle-cottencin-60-ans-de-benevolat


Photo de l'article de La Nouvelle République
Voir ci-dessous les détails se l'ouvrage sur Boylesve
Extraits de l'article :

"Marcelle Cottencin est un personnage incontournable de la vie associative tourangelle. Songez qu’elle a commencé à s’investir dans le bénévolat dans les années 1960.
Membre du comité des fêtes, elle a apporté son aide dans diverses manifestations organisées par la ville de Tours [...]
En 1964, elle est ouvreuse aux fêtes musicales à la Grange de Meslay. En 1967, elle participe à la création du club « Femmes de valeur » à Tours. À Paris, elle visite la Bourse dès que l’interdiction d’accès des femmes à cette institution est levée et déjeune en présence de Valéry Giscard d’Estaing, ministre des finances. En 1970, elle lance l’antenne tourangelle « Secrétaires et secrétaires de direction », qu’elle préside. Elle organise aussi, avec le soutien de la CCI de Tours, les journées de la secrétaire pendant les foires de Tours, en présence de divers clubs de France et étrangers. L’ouverture de ce rendez-vous a été assurée par le président d’honneur Jean Royer.
Elle a également été vice-présidente du comité des fêtes de la ville de Tours, vice-présidente puis présidente de l’union des comités de quartier. Mais son engagement le plus long est celui de la présidence du comité de quartier Lakanal-Strasbourg-Prébendes, de 1988 à 2020. [...]
Ces responsabilités lui ont permis d’être une des huit femmes honorées le 8 mars 2020 par le conseil départemental d’Indre-et-Loire dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes et de recevoir la médaille de la ville de Tours des mains du maire Christophe Bouchet en décembre 2018. 
[...]
Et [Marcelle] de conclure : « Le bénévolat m’a permis de développer mon altruisme. J’ai suivi les traces de mes parents eux-mêmes très impliqués dans l’engagement »."

**************************

Pour les Internautes de passage, voici l'ouvrage que Marcelle Cottencin présente sur la photo :

Album Boylesve
publié par la Bibliothèque municipale de Tours en 1991:
avant propos du Maire, Jean Royer ;
introduction des auteures N. Laurent, N. Dinzart ;
préface de Jean-Marie Goulemot, professeur à l'Université de Tours.

Quelques exemplaires de cet ouvrage qui expose, avec de belles illustrations, la vie et l'œuvre de Boylesve, sont encore disponibles ; pour information :

association.boylesve@gmail.com

Plan qui situe le jardin Boylesve, à Tours, 
Place  de Strasbourg, au sud du jardin des Prébendes

Nous avons consacré, en 2016, un article à la transformation de ce jardin et au nouveau monument dédié à l'écrivain :


Photo L. Jouannet
Monument Boylesve, inauguré en 2009 :
une "curiosité" en soi !



mercredi 28 avril 2021

Une lettre de Boylesve (1924) à la poétesse Renée de Brimont, offerte à notre Association !

Nous remercions vivement M. Benoit Piquart, qui a fait don à notre Association d'une lettre manuscrite de René Boylesve, datée de 1924 et adressée à Renée de Brimont, qu'il complimente pour la qualité de ses nouveaux poèmes...

Cette lettre, destinée à être exposée dans notre musée de Descartes, sera aussi reproduite dans notre revue, Les Heures Boylesviennes de 2021, mais voici, en avant-première, un aperçu de ce document :


Comme il s'agit d'une (jolie) femme, la formule finale est "soignée" :

"Je vous fais mes vifs compliments, chère Madame, et je suis respectueusement à vos pieds."

Les internautes peuvent accéder facilement à des informations sur les œuvres de Renée de Brimont (1880-1943), petite nièce de Lamartine, ne serait-ce que par un passage par Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9e_de_Brimont

Photo présentée sur
 le site Wikipédia,
empruntée au site de la BNF


Et, donc, le site de la BNF :

https://data.bnf.fr/fr/12400306/renee_de_brimont/

A noter que le recueil Tablettes de cire lui avait valu, en 1913, le Prix Archon-Despérouses.

Le site de la BNF renseigne sur la variété de ses talents (poésie, romans, traduction, édition, musique...)

Bonnes découvertes 

pour les amateurs de littérature 

et les bibliophiles !

***************

Encore merci au généreux donateur !

association.boylesve@gmail.com



                





lundi 12 avril 2021

'L'Île des Pingouins" d'Anatole FRANCE, ouvrage bibliophilique illustré par Louis JOU, nouvelle acquisition de la BM de Tours

 Une annonce sur Facebook nous signale l'acquisition par la BM de Tours de cette superbe édition du célèbre texte d'Anatole France, L'Île des Pingouins, 2 vol., illustrée par Louis Jou, éd. Lapina, 1926.

Pour ceux qui n'ont pas accès à Facebook, nous reproduisons cette information :

[Nouveautés 2021] Vous ne le savez peut-être pas, mais les collections patrimoniales s’enrichissent chaque année de nouveaux documents. Ceux-ci sont achetés selon des critères propres à notre bibliothèque, en premier lieu des ouvrages et des auteurs en lien avec la Touraine. C’est pour cette raison que nous avons accueilli récemment «L’île des pingouins » d’Anatole France (1844-1924), illustré par le talentueux Louis Jou (1881-1968). L’auteur, prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1921, a résidé à Saint-Cyr-sur-Loire à la Béchellerie de 1914 jusqu’à sa disparition en 1924. @ Bibliothèque Municipale de Tours [Ouvrage acquis avec le mécénat de l'Association des amis de la bibliothèque et du musée des beaux-arts de Tours]

Avec les illustrations suivantes :

© Bibliothèque municipale de Tours


© Bibliothèque municipale de Tours



© Bibliothèque municipale de Tours



© Bibliothèque municipale de Tours



Il a été question d'A. France dans plusieurs numéros des Heures Boylesviennes...
Rappelons, entre autres, les articles d'Hélène Barret et d'André-G. Bourgeois dans le numéro de 2015.

Et, surtout, les lignes assassines de Boylesve sur "L'Île des Pingouins", dès sa parution dans le Journal :

"Août 1906.
Anatole France publie en ce moment dans le Journal une série de contes sur les Pingouins, qui veut être une satire de l'histoire de France. Cela a quelque chose de grossièrement répugnant. C'est de la taille d'un maître de l'école primaire. C'est, avouons-le, de la besogne de goujat.
On peut souhaiter un ordre social qui soit radicalement différent de celui de l'ancienne France. Mais il n'appartient pas aux grands lettrés, aux grands hommes, de tourner en dérision toute une histoire qui eut sa beauté, une histoire qui fut vécue conformément aux idées morales alors connues et prêchées : l'héroïsme guerrier a été préconisé comme noble et beau ; il n'est pas encore démontré qu'il ne le soit pas, qu'il ne le sera pas toujours ; il n'en faut pas ricaner. [...]
A appliquer à l'auteur de L'Île des Pingouins ces mots de Renan, son maître : "L'erreur la plus fâcheuse est de croire qu'on sert sa patrie en calomniant ceux qui l'ont fondée... Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé." (Souvenirs d'enfance et de jeunesse, Préface XXII)."

René Boylesve, Feuilles tombées (Ecrits intimes), éd. Dumas, 1947, pp. 174-175.

Il va sans dire que nous laissons à René Boylesve l'entière responsabilité de ses propos !


vendredi 9 avril 2021

"Le Confort moderne" de René Boylesve réédité en 2020 aux éditions La Part commune, coll. "La Petite Part"

Une belle initiative des éditions La Part commune, qui donnent ainsi au lecteur curieux de découvrir René Boylesve un petit ouvrage révélateur de son regard caustique sur la société de 1903, pour la modique somme de 6,50 euros, (à commander sur Internet - Fnac, etc. - ou en librairie de proximité!)
La présentation est rédigée par Elodie Dufour, qui a soutenu en 2017 une thèse sur Anatole France, Henri de Régnier et René Boylesve, intitulée : "Comment peut-on être classique au tournant des XIXe et XXe siècles ?" (consultable en ligne).


Les Amis de Boylesve avaient, pour leur part, consacré un article à cet ouvrage, dans leur revue Les Heures Boylesviennes de 2016, pp. 39-48.

Voici la première page de cet article abondamment illustré :



Les internautes intéressés par cet article peuvent le commander à l'auteure (Liliane Jouannet qui est aussi responsable de ce blog), avec le lien suivant : 


******************

Pour les amateurs de livres anciens, 
nous recommandons l'édition originale - posthume -
(publiée en 1926, 23 ans après la préoriginale)  :





Frontispice de Lucien Cadène





 

lundi 1 mars 2021

Un mystère encore non résolu : le double corpus des Lettres de « Sainte-Marie-des-Fleurs » !!! …

 

Tout d’abord, un grand merci à Marc Piguet pour sa participation aux Heures Boylesviennes de 2020 !

Il nous a, en effet, offert la transcription de l’étrange corpus de 20 « lettres de Marie Trouilloud » à René [Boylesve] (elle est l'inspiratrice du roman en partie autobiographique Sainte-Marie-des Fleurs). Il s’agit d’un bloc de papier à lettre, où ces missives figurent les unes à la suite des autres, entre le 18 mai et le 22 juillet 1893.


On pourrait supposer, a priori, qu’elles ont été le 1er jet de lettres recopiées ensuite et expédiées au destinataire ?

Mais, comme nous allons le voir, ce mystérieux corpus pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses…

Outre le fait qu’il faudrait identifier soigneusement la « main » qui a écrit (ou copié) ces textes, il est indispensable de revenir, comme Marc Piguet le suggère d’ailleurs en note, vers l’autre corpus de lettres de Marie, celui que Boylesve a constitué lui-même pour le léguer à la postérité, et qui a été déposé à la Bibliothèque Municipale de Tours par Mme Gérard-Gailly. Ces lettres sont datées entre octobre 1891 et mai 1893 ! (Ms 2169)

Nous remercions M. Régis Rech,

 Conservateur du fonds Boylesve à la Bibliothèque Municipale de Tours,

 pour nous avoir autorisée à reproduire quelques images de ce dossier.

 Beaucoup de lecteurs ont  déjà vu la photo de ce lot de lettres publiée dans l’Album Boylesve de la BM de Tours (1991) :

À remarquer, sur l’enveloppe : le nom du destinataire est  René « Tardivaux », du nom que René utilisait pour signer ses textes (ayant modifié l'orthographe d'origine : Tardiveau ).

 Voici la description du contenu :


Soulignons que le lot est désigné comme « l’ensemble des lettres adressées à Boylesve », ce qui devait être, à l’époque, le point de vue de la donatrice.

Et un mot de Boylesve (sur papier bleu) signale son importance :

 

« Reliques, comme dans la boîte voisine du seul grand amour de ma vie.

Cette petite poch. en molesquine était celle où "Marie" enfermait les choses que j’écrivais alors et qu’elle découpait dans les petites revues.

Ce mouchoir* est à elle. Un soir, en valsant, à Grandville [sic], elle avait enfermé dedans un de ses billets, et je pris l’un et l’autre au creux de sa main. » (* Voir l'image à la fin de cette étude).

 On remarque, ajouté au crayon par une autre main (probablement celle de Betty Halpérine), un commentaire acerbe : « Je proteste, un 2ème grand amour s’est ajouté 23 ans après / Signé : Le Gd amour lui-même »

Autre avertissement de R. B. (sur papier blanc) :











« C’est de tout cela qu’a été composé mon livre "Ste Marie-des-fleurs". J’ai une grande piété pour ces chers papiers, et s’ils tombent entre d’autres mains que les miennes, je supplie qu’on les respecte.                      R. B. »

Et quand on a, une fois, lu cet ensemble, il est impossible, en effet, de l’oublier… 

*******

DEBUT DU CORPUS

(écrire à deux voix un livre !)

·       La première feuille du corpus contient un texte non daté de… René :

 C’est une première version de celui qui figurera dans le roman (voir pp. 39-40 éd. Calmann-Lévy), comme le projet initiateur du  « duo » entre les jeunes gens :

 « Le livre que j’aurais voulu lui donner à lire, c’aurait été celui qui eût constitué la simple causerie, ‒ en un boudoir tout meublé d’objets d’art ; à moins que ce ne fût au bord de la mer […] ‒ entre un homme assez impressionnable […] ‒ et une femme qui eût été l’extrême délicatesse […] apte à merveille aux ravissements de l’âme […] Il eût compris qu’Elle était le seul miroir possible, et il lui eût parlé comme à un Être unique, ce qui eût répandu autour d’eux une atmosphère presque religieuse.

Comme je n’ai pas trouvé le livre […] j’ai pensé qu’avec elle, nous le pourrions peut-être faire. Je sens bien que ce serait le plus cher de mes livres. Mais j’ai une peur d’enfant du premier mot qu’elle me dira, car nous ne sommes pas au bord de la mer, il n’y a pas de boudoir meublé d’arts (sic), et je ne vois pas du tout sa figure. Il y a un terrible malaise à attendre et à ne pas savoir. »

         ·       La réponse de Marie laisse clairement entendre qu’elle l'a reçu :

[oct. 1891, date ajoutée d’une autre main]. Toutes les dates entre crochets auront la même origine.

 « Nous n’avons plus la mer, mais nous avons « le ciel » et je suis tout aux « ravissements » de notre rêve[…]

J’ai compris que vous êtes au-dessus de toutes choses qui se donnent et que votre ambition est de chercher toutes choses qui se rêvent.

Aussi, j’espère que vous penserez m’avoir rendue désireuse de parcourir avec vous ce chemin mystique, cher à tous deux, dont vous avez écrit la première page d’une façon aussi simple qu’attachante.

Je ne sais pas vous dire, dans ma réponse, tout le charme que j’ai trouvé à vous lire ni combien je sens profondément cette harmonie que vous faites naître avec des mots qui me paraissent un champ ouvert à l’infini. […]

Plus de peur d’enfant, de tourments ou d’attentes, n’est-ce pas ?

Rien que le ciel »

Nous ne pouvons citer ici toute la lettre… ni toutes les lettres, mais ce début suffit à justifier le prix que René attachait à cette correspondance, et l’écho littéraire qu’il a choisi de lui donner dans "un livre", écrit en 1894-95 et publié en 1897.

*******

RENE S’INSPIRERA de MARIE

Il serait intéressant de repérer de façon exhaustive les lettres de Marie dont l’écrivain s’est directement inspiré dans le roman... Nous ne donnerons qu’un exemple.

« Jeudi 26 [nov. 1891]

[…] Oh ! que vous m’avez amusée avec votre sortie sur les épidermes plus ou moins durs !! Vs êtes si sensible que toutes ces râpes vous écorchent ? et lorsqu’on vs tend la main vous redoutez d’être égratigné ? Figurez-vs que ce qui me déplait dans les poignées de mains c’est d’en rencontrer de molles ! de celles qui fuyent (sic) la pression, qui semblent éviter l’étreinte. […] Autant je trouve déplacées et offensantes certaines poignées de mains d’hommes peu délicats, autant je suis agacée par ces rencontres indifférentes. Non, vraiment vs ne pouvez pas savoir à quel point cela m’irrite ! j’ai toujours envie de leur dire de ne pas faire ce geste ridicule et vide qui a l’air de tant leur coûter. Je n’en finirais pas de vs dire tout ce que je pense là-dessus […] 

 =>Extrait du roman Sainte-Marie des Fleurs (éd. citée, pp. 53-54) :

« Vous m’avez bien amusée avec vos "mains qui sont comme des pierres râpeuses". Oh ! le vilain égoïste ! l’affreux douillet ! la petite femme ! Mais moi, je ne suis pas comme cela. Ce qui me choque, après les rustres qui vous donnent des poignées de main qui font rougir les joues, ce sont ceux qui vous tendent une main si sèche ou si molle qu’elle na aucune expression. Voyez, je ne suis incommodée que par les extrêmes : l’outrance ou le trop peu ; et je n’avais pas pensé à votre râpe qui doit être intermédiaire. » 

********

LA MONTEE DU DESESPOIR (fin 1892)

L’exaltation que Marie a connue à l’idée d’inspirer un roman à René, les espoirs qu’ont entretenus leurs rencontres fréquentes, la clandestinité de leur correspondance grâce aux bons soins de « Marguerite », tout cela ne peut éviter que l’idylle doive se terminer, puisque Marie est fiancée ! On devine que René redevient le premier raisonnable, et Marie, dans les lettres de fin 1892, se lamente de son silence :

« À moi de vous dire : Je suis à bout de forces… Faites ce que votre cœur ou la charité vous conseillent, je n’ai rien à vs demander ‒ Je ne sais que vous dire que je souffre… je souffre de n’avoir rien de vous. » (Mardi 7 déc. 1892)

Marie n’hésite pas à aller voir René chez lui, elle cherche à tout prix des prétextes pour entretenir une connivence dans des projets communs (textes, dessins). Les furtives rencontres apportent un répit à son angoisse, elle est heureuse de garder son « affection » (16 janvier).

Mais elle est capable aussi de lui faire des reproches, à propos d’une remarque maladroite qu’il lui a faite : « Quelle absence d’esprit (ou de cœur) vous empêche donc de comprendre que je vs parle comme à un autre moi-même et que je ne dirais pas à n’importe qui ce que j’adresse à Vous ! Que faites vs donc quelquefois de votre fine délicatesse, Monsieur Tardivaux ? Il y a donc des jours où vs voyez avec les yeux de tout le monde, où vous me voyez semblable à ce tout le monde ? ‒ Allez, je sais mieux aimer que Vous ! […]

Ah mon pauvre René les hommes ne savent pas ce qui se passe dans l’âme d’une femme qui aime, heureusement pour eux car ils n’auraient ni le courage ni la force ni la persévérance pour le supporter. » [semaine du Mardi Gras 1893] 

Un extrait de la lettre du 19 avril, dactylographié par les soins de quelqu’un qui connaît bien le corpus, (à l'occasion d'une exposition à la BM ?) figure au début du lot, nous le restituons ici pour la chronologie :


 

********

LA FIN DU CORPUS

 « Lundi 1er mai [1893]" Longue lettre qui commence ainsi :

Oh ! dites-moi encore que c’est possible, que vous ne m’avez pas abandonnée ! Si vous saviez où j’en suis de la souffrance de vous. […]

Je suis malade, je voudrais l’être bien plus, c’est trop long. […] »

Le désespoir de Marie a été accru par la lecture du texte de René dans L’Ermitage intitulé « Vénus triomphante », où elle relève cette phrase : « Ah ! nous guérir de ces amours fatiguantes (sic) ». Elle en conclut qu’elle ne peut plus l’intéresser, ce qui la conduit à lui écrire sans oser lui envoyer ses lettres : « […] j’ai là sous la main plusieurs longues lettres… que je ne vous ai pas envoyées parce que le courage m’a manqué au moment de les mettre à la poste, j’ai craint d’être importune, de vous fatiguer, de vous lasser. »

 => Nous soulignons, au passage, cette allusion à des lettres que Marie écrit sans les envoyer... mais le fait qu'elle y renonce au moment de les poster suppose... qu'elles sont probablement déjà sous enveloppe (?)

---------------------

Courrier d’alerte de MARGUERITE à RENE 

[3 mai ?]

 « Notre Marie est si malade moralement et physiquement, que je ne peux plus hésiter. Ce silence la tue, elle s’use, je suis effrayée - on est aveugle autour d’elle - ne lui dites pas que je vous ai écris (sic). J’ai pris cette idée-là dans l’affection profonde que j’ai pour elle.

Ecrivez-lui vous lui redonnerez le courage de vivre, car c'est à vous qu’elle pense.

J’ai peur, très peur. Il me semble que vous pourriez lui faire tant de bien, je vous en prie, faites-le [souligné 3 fois] [signé]Marguerite

Vous adresserez à moi, 11 bd Clichy et je lui porterai.

C’est entendu – moi je veux qu’elle vive – "et ne lui dites pas que je vous ai écrit", vous me feriez gronder. »

---------------------

Mardi 3 h [8 mai *1893] *NB, le 8 mai 1893 est un lundi…

« […] l’éloignement où nous sommes l’un de l’autre est peut-être le moment choisi pour mieux comprendre l’amour que nous nous donnons.

Pour ma part, chaque jour qui s’achève, chaque distance qui se creuse vous rendent plus précieux et plus indispensable à ma Pensée. […]

Ah ! mon pauvre René ! Je crois bien que je vous aimerai toute ma vie !

N’en soyez pas trop inquiet, j’ai déjà prouvé que je saurai me taire du jour où je m’apercevrai que je vous gêne. »

Entre ce 8 mai et le 20 mai, Marie écrit plusieurs lettres, dont certaines, sur le même feuillet, sont datées d'heures ou de jours successifs. René semble être à La Haye, et Marie ne sait ce qu'il faut penser de son silence. Enfin, une lettre lui parvient le "samedi" [13 ?] : « Votre lettre est bonne. Je ne puis vous dire combien je vous en suis reconnaissante et que vous l'ayez écrite plus par charité que par amour, vous ne pouvez pas moins vous dire que vous avez fait une bonne action. »

Enfin, voici la dernière lettre du corpus, elle est datée du "Samedi 20" [mai 1893] :


Mon cher René, Je suis horriblement inquiète de votre silence après 3 lettres que je vous ai écrites depuis la vôtre. Je commence à douter qu'elles vous soient parvenues, ne pouvant pas croire que vous me laissiez sans nouvelles sachant combien je suis tourmentée à cause de Vous.
Je vous supplie de répondre à ce mot aussitôt quel[le] que soit votre pensée. Ne me laissez pas plus longtemps dans cette inquiétude où les plus tristes choses me poursuivent sans cesse.
Croyez bien, je vs en prie, que j'ai besoin de Vous et que je vous parle bien sincèrement.
Envoyez à l'atelier au nom de mon amie.
Adieu mon cher René.
Pensez un peu à celle qui vous garde le meilleur de son âme
                                                                                  M

**************************
"La fleur séchée"
conservée avec les lettres
Cet aperçu du corpus des lettres de Marie Trouilloud, conservées à la BM de Tours, n'a d'autre ambition que d'attirer l'attention sur son intérêt et sa valeur, qui restent à exploiter par les chercheurs.

Nous pouvons d'ores et déjà signaler l'excellente nouvelle qui  nous parvient : M. Rech, Conservateur du Fonds Boylesve, vient de faire numériser par le photographe de la "maison", M. Joly, le fameux Ms 2169. 
Les Amis de Boylesve sont profondément reconnaissants de cette initiative, qui permet désormais d'accéder facilement à ce petit trésor sans l'endommager davantage.


NB : Cette petite étude ayant été constituée avant la numérisation, les photos présentées ci-dessus sont de l'auteure du message (Liliane Jouannet, vice-présidente des Amis de Boylesve).
***

Première page de la numérisation © Bibliothèque municipale de Tours.

Le mouchoir de Marie © Bibliothèque municipale de Tours.

***
POUR NE PAS CONCLURE,
VOICI QUELQUES QUESTIONS EN SUSPENS :

Le mystère demeure donc, à propos de la nature des lettres en possession de Marc Piguet, qui l'annonce bien dans son introduction : "sont-elles la copie de lettres adressées à Boylesve? pourquoi et par qui ? [...] comment expliquer ce bloc ? Quel intérêt à cela ?" Avec cette remarque en note : "Une réponse pourrait être apportée par l'examen comparé de ces lettres et de celles qui sont conservées à la Bibliothèque municipale de Tours."

Hélas ! l'examen (par nos soins) 
du corpus de la BM
apporte plus de questions que de réponses :

*Question préalable essentielle : les 2 corpus sont-ils de la même main ? une réponse pourra être proposée lorsque des photos  du 2e corpus seront communiquées, pour une comparaison des graphies. A noter que, dans le 1er corpus, les graphies peuvent varier selon que Marie écrit au crayon ou à l'encre, et selon le format du papier dont elle dispose...
*1ère question : comment se fait le "passage" entre les deux corpus, qui se chevauchent sur 3 jours ? Le Ms 2169 de le BM se termine avec la lettre de Marie datée du "samedi 20 [mai 1893]", et le corpus du "bloc de M. Piguet", d'après la transcription fournie dans sa publication, commence par 2 lettres antérieures (18 et 19 mai), et la 3e est datée du 20 mai...
D'autre part,  le ton de ces 3 premières lettres semble bien différent de celui des lettres de la fin du 1er corpus.
La lettre du 24 mai est, elle, plus en phase avec l'attente éperdue de la jeune fille, provisoirement comblée : "Je suis si remuée de votre lettre , mon cher René, que je ne sais comment vous le dire. J'ai passé de si vilains jours à attendre et à désespérer que ce que je reçois aujourd'hui me semble inattendu, inespéré." (Les Heures Boylesviennes 2020, p. 99).
*2e question : Pourquoi ces lettres sont-elles restées sur un bloc ? S'il s'agit de "brouillons" et qu'une autre version a été envoyée, pourquoi ces (ou des) lettres de fin mai au 21 juillet 1893 ne figurent-elles pas dans le lot conservé par René ?
*3e question : Comment ce bloc de "lettres de Marie" est-il parvenu dans les documents conservés par Emile Gérard-Gailly ?
*4e question : Pourquoi Gérard-Gailly ne les a-t-il pas repérées, authentifiées, répertoriées ?
??????????????????????????????
Il reste donc un travail d'enquête à poursuivre, 
un défi à relever,
ce qui n'est pas pour déplaire aux "Amis de Boylesve"
!!!!!!!!!

Contact :

Petit cadeau, pour la route :
Exemple de la signature conçue par Marie :
le M  et le R entrelacés
(Ms 2169)

Liliane Jouannet